Dans les années 1990, Françoise Huguier entreprend une traversée de la Sibérie, de Moscou au détroit de Behring. Trente ans après, la photographe de l’agence VU’ s’est replongée dans ses planches-contacts et a pris conscience de la pollution déjà catastrophique des terres arctiques. 1992 s’éloigne de En route pour Behring (éditions Maeght, 1993), le premier livre qui rassemblait les images de ce voyage. La photographe se concentre cette fois sur les lieux, plutôt que sur les personnes et les différentes ethnies rencontrées à l’époque. Huguier y raconte une réalité écologique, saisie dans un entre-deux de l’Histoire, absente des récits de l’époque.
« Tout est cru, à vif : le sang, la crasse, les portraits saisissants d’un monde qui tangue. Rien n’y est jamais vertical ni horizontal. Tout paraît pétrifié dans la boue et la rouille : pneus abandonnés, bâtiments en ruine, carcasses sanguinolentes, terre éventrée par de profondes ornières, voilà la vie la vraie. Peu de sourires dans cet univers. Pourtant, on ne peut qu’être emporté par ces images puissantes et cette humanité à fleur de neige sale et de baraques écorchées. C’est toute la force de Françoise Huguier de savoir nous livrer les clés de ce monde en cours de délabrement, servie par une maitrise plastique implacable. » Yann Arthus-Bertrand