En 1972, à l’âge de 26 ans, Gilles Peress a photographié le massacre de civils irlandais par l’armée britannique lors du Bloody Sunday. Dans les années 1980, il est retourné dans le nord de l’Irlande, avec l’intention de tester les limites du langage visuel et de la perception pour comprendre ce conflit inextricable. Whatever You Say, Say Nothing, œuvre de “fiction documentaire”, organise une décennie de photographies en 22 “jours” fictifs pour articuler la structure hélicoïdale de l’histoire au cours d’un conflit qui semblait ne jamais devoir prendre fin, où chaque jour devenait une répétition de tous les autres jours semblables à ce jour-là : jours de violence, de défilés, d’émeutes, de chômage, de deuil, mais aussi de “craic” où l’on essaie d’oublier sa condition.
Retenue depuis 30 ans et désormais attendue avec impatience, cette publication ambitieuse pousse le langage de la photographie documentaire à l’extrême, puis met le lecteur au défi de s’arrêter et de résoudre lui-même le puzzle du sens.
Chaque exemplaire est accompagné d’Annals of the North, un almanach texte-image de Whatever You Say, Say Nothing, également publié séparément par Steidl.